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  • Cécile

Cécile en mars 2015 #37


Peut-on à la fois avoir un cancer qui régresse et ne pas savoir se réjouir ?



Bilan après 2 mois de reprise de chimiothérapie. Nous sommes tous, médecins compris, fébriles devant le résultat qui s’annonce, que sera-t-il ? Le choix de reprendre une chimio, que je ne supportais plus quelques mois auparavant, est-il le bon ?… Le verdict tombe : la masse sur le pancréas a fondu d’1cm et les nodules du foie ont diminué en intensité d’activité.


Autour de moi, mes proches respirent, la chimio est efficace et en plus, petit miracle, je la supporte très bien, beaucoup mieux qu’avant.



Je me sens dans la Gratitude mais pas seulement. L’autre face de la médaille est complexe. Tous m’appellent à la fierté, avec tant d’affection dans le regard, et pourtant je me sens lourde, absente, « à côté », je n’arrive pas à me réjouir. J’ai l’impression d’être peu comprise « dans les tripes », peu rejointe, laissée seule avec ma peine.



En même temps mon juge intérieur semble me dire « arrête de geindre, ton sentiment est décalé et capricieux » alors je me raconte peu, même vous écrire est difficile. Je tente quand même l’exercice car votre affection m’aide et certains d’entre vous vivent peut être la même étape que moi, j’ai envie de vous rejoindre.



Ceci dit, vouloir comprendre est dans ma nature alors je me questionne : qu’est-elle … cette solitude qui ressemble à un sentiment d’abandon ? Pour m’aider, j’appelle des « initiés », ceux qui sont passés par le même type de chemin. Ils semblent ne pas être surpris. Pour eux je suis « seulement » dans une phase de mutation plus profonde à laquelle je n’ai pas encore accès clairement alors la tristesse m’envahit. Toute évolution nouvelle, qui vient du Souffle de Vie, demande d’être dans une confiance aveugle, quel challenge !



Un peu comme après un déménagement en plein hiver, vous êtes triste de constater votre nouveau jardin monotone sans savoir -encore- qu’avec le printemps vous allez découvrir des fleurs jamais vues ou des fruits merveilleux jamais goûtés.



Ceux qui m’aiment ont envie de me projeter dans l’avenir mais mon avenir c’est maintenant, bilan positif ou non. Ce n’est donc pas facile de se rejoindre. Entendons-nous, j’aime les projets mais je me sens toujours en déséquilibre sur un fil.



Je vais tenter de suivre le conseil des ces âmes plus averties que moi. Il est de ne pas trop chercher à expliquer à mon environnement, pour l’instant, ce que je vis et de continuer, même en aveugle, à parcourir mon chemin de vie. Celui-ci me demande, entre autres, de développer ma tendresse pour autrui, le recevoir tel qu’il est, même si il ne me comprend pas.



Mars, ce fut aussi un déménagement dans notre nouvelle maison rénovée. Elle est en pleine campagne où la nature est si belle et la lumière joueuse. Les lapins dans le jardin s’en donnent à cœur joie.



Je pense à tous ceux qui ne se sentent pas compris, que cela ne les empêche pas de poursuivre leur chemin dans le oui à la vie.



Et, n’oublions pas qu’il est possible d’être aimé sans être compris.



Avec toute ma tendresse,


Cécile

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(Pour les commentaires écrits avant décembre 2015: les dates d'origine n'ont pas pu être reportées)

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