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Algosculpture

Il m’est difficile de trouver les mots pour raconter ma séance d’algosculpture. D’ailleurs, même le mot est compliqué à exprimer, à écrire, à comprendre.
Algo = douleur. Sculpter sa douleur, mais quelle idée ! Pourquoi se centrer, dés le départ, sur ce qui fait mal ?
Et pourtant j’ai tenté l’aventure car Elise, ergothérapeute et à l’origine de cette technique, est une femme rayonnante, toute en douceur, en accueil. Rien de bien paniquant ne pouvait venir de cette grande femme au regard attentif, alors, un jour j’ai lâché le besoin de maitriser et j’ai passé 2h intenses.

 

Avec de la terre toute souple, la proposition est simple : Quelle que soit ta douleur, laisse tes mains la modeler, la sortir de toi, laisse toi surprendre, ta douleur n’engendre pas forcément ce que tu crois. Et effet, le temps que l’émotion qu’elle provoque sorte de moi, la place fut libre pour une émotion autre, plus douce.

 

Je vous conseille de tenter l’aventure.

 

Cécile

Elise R avec l'oeuvre d'un patient

L'ALGOSCULPTURE - décrite par la thérapeuthe Elise R.


Je suis ergothérapeute à la maison médicale jean 23, c'est un établissement de soins et d'accompagnement en soins palliatifs, soins de suite lourds, séjours de répit, post AVC et états végétatifs.


Un des objectif de mon métier est la recherche du confort et le soulagement de la douleur qui est aussi la préoccupation de toute l'équipe.

 
Dans le cadre de mon activité professionnelle j'ai eu le cas en 2012 d'une patiente ayant subi une gastrectomie totale, elle verbalisait une douleur à l'omoplate et des vomissements. Dans une recherche pour voir s'il y avait corrélation entre ces symptômes j'ai essayé le dessin mais cette technique était trop réductrice.


Grâce à une direction ouverte et à l'écoute, j'ai pu ouvrir mes recherches et utiliser l'argile comme moyen d'expression. La terre s'est avérée un bon support car on n'a pas peur de mal faire, on peut changer la forme à l'infini sans gommer; en dessin on a peur de salir cette belle feuille blanche.


J'utilise de l'argile fine blanche ou rouge, le patient modèle son corps ou une partie du corps c'est lui qui décide, puis il ajoute sa douleur de la façon qu'il veut. Pas de notion de bien faire, pas de jugement, seulement un échange d'informations et de ressentis. 

 

Je demande l'avis du médecin avant de proposer au patient. La séance à lieu dans la chambre du patient ou dans une petite salle. Séance pouvant aller de 10 minutes à 1 heure Le patient est allongé, debout ou assis. L'algosculpture s'adresse à tous patients douloureux. Je travaille ensuite en coopération avec la psychologue de l'établissement. 

 

 

Je vous livre quelques ressentis après 2 ans d'échanges riches auprès de personnes éprouvant des douleurs :

 

Travailler la terre c'est oser ressentir, rentrer en soi pour aller chercher ce qui se passe à l'intérieur. Lors du travail de la terre on est dans l'instant présent, on est à soi.
 

La douleur est quantifiable, physique, c'est un obstacle, elle a ses limites.

 

La douleur peut être chaude, en coups de couteau, en décharge électrique, et aussi bruyante, asséchante. Le corps est à vif, tous les sens sont en éveil. 
 

Le travail de la terre à un effet apaisant, on peut "polir" sa douleur.
 

Le médecin vit parfois le fait de ne pas comprendre la douleur comme un sentiment d'impuissance, l'algosculpture permet de rejoindre le patient et peut  alerter le médecin sur une nouvelle douleur.
 

Je ressens à chaque séance une sorte de lâcher prise de la personne qui éprouve une douleur, elle s'abandonne au thérapeute quand elle essaie de dire son mal .La douleur est souvent difficile à décrire les yeux dans les yeux, l'objet en train d'être façonné permet de parler sans regarder l'autre, le patient oublie presque le thérapeute et naturellement se dit a lui même et à l'autre. Il n'étouffe plus sa douleur et se sent reconnu dans cet état. On est présent à ses débats il n'est plus complètement seul. Le patient se sent reconnu et admis dans sa douleur.
 

En envahissant le corps la douleur devient  souffrance globale. L'algosculpture permet au patient d'exprimer ce mal rapidement et de le circonscrire à deux ou trois parties du corps , situation plus vivable pour lui. 
 

L'algosculpture permet un lien car la personne douloureuse à tendance à s'isoler. Il est même arrivé qu'un patient se découvre un talent de " modeleur "et rêve d'une vie " d'artiste". Le patient et l'entourage sont fiers, encore un lien. 
 

Est ce que le fait de partager cette douleur permet de la diminuer un peu ? 

 

"De créature je suis devenu créateur"  -  Jean Christophe Ruffin


Elise R. 
 

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