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  • cecile

Turbulences dans un havre de paix

Aujourd’hui je suis allée à Sari Solenzara, au monastère des petites sœurs de Bethléem.


Comme à chaque fois mon âme fut bousculée, mon corps secoué.


Pendant l’office, sans m’en rendre compte, la beauté du lieu et du moment a réveillé des sentiments et des émotions que d’habitude je tiens à distance.


Aujourd’hui c’est essentiellement la honte d’être malade qui est venue en force puis, comme la honte me paraissait tout à fait inopportune, j’ai eu honte d’avoir honte. Et tout en pleurant sur moi même, je me suis dis que tout cela était bien orgueilleux alors ma honte est montée d’un cran.


C’est le chat qui se mord la queue pensez-vous et vous avez raison…



Et pourtant c’est ma réalité, j’ai ressenti tout cela avec beaucoup d’acuité.


Y a-t-il des personnes qui se soignent d’une maladie et qui ne ressentent jamais la honte ? Je ne sais…


En fait j’aimerais être parfaite. Pas vous ? Vous avez de la chance.


De mon côté, souvent j’ai honte de ne pas être plus « aboutie », plus emplie de sagesse, plus rayonnante d’amour, de douceur et de bienveillance.


Mais aussi, si on évoque la maladie, j’ai honte de ne pas avoir su prendre suffisamment soin de moi pour éviter un cancer grave. Celui-ci revient sans cesse me rappeler ma misère humaine et ma place de « dérangeant » pour la société, pour mes proches. Je suis régulièrement renvoyée, sans concession, vers mon impuissance. C’est douloureux.


Et pourtant, quelle bêtise ce désir de toute puissance, mon envie d’être parfaite.


Aujourd’hui, au monastère, j’ai ressenti physiquement mon vécu psychique. J’ai vu combien la honte adhère à mes cellules comme un chewing-gum impossible à décoller. Je n’avais jamais ressenti aussi nettement l’impact physique d’une souffrance psychique. Ce fut étrange.


Vous n’allez peut être pas me croire mais sachez qu’en même temps que je vivais dans les larmes, la douleur de mon impuissance, je voyais à l’intérieur de moi mon être s’ouvrir, créant comme une faille, une brèche et à l’extérieur de moi une sorte de feu qui ne brûle pas, une sorte de Présence qui appelle sans appeler et j’ai pris peur. À postériori je regrette car cette peur m’a fait probablement fuir une rencontre avec Celui qui est tout amour. C’est idiot mais c’est ainsi. …


Je comprends mieux comment notre honte ou nos blessures sont des carapaces qui bloquent notre possibilité d’apaisement, notre réconciliation avec nous même et notre chemin de vie. J’ai expérimenté mon impuissance offerte qui, étrangement, ouvre la conscience d’une autre dimension.


Je me répète souvent cette phrase : « c’est dans ma faiblesse que réside ma force ». C’est en lâchant notre désir de toute puissance, de contrôle qu’arrivent les idées les plus créatrices, un souffle nouveau… Divin.


Quand j’ose encore plus la Foi je dis sans réserve et dans la Joie : « c’est dans ma faiblesse que je Te laisse agir en moi ».


Je vous embrasse,


Cécile



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(Pour les commentaires écrits avant décembre 2015: les dates d'origine n'ont pas pu être reportées)

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