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  • Cécile

Cécile en juin 2013 #18

Surprise en salle de réveil :




Cette lettre raconte l’histoire d’un passage important, celui du premier « gros » bilan après 4 mois sans chimiothérapie. Quel moment stressant !

Dans le même temps, j’ai aussi partagé de joyeux moments et de belles émotions.


En phase de bilan, certaines personnes imaginent le pire scénario pensant minimiser le risque d’être déçues… d’autres, à l’inverse et envers et contre tout, se visualisent dans la guérison…

De mon côté j’ai cherché à laisser cohabiter, le plus possible, peurs et tendresses.

En effet, je vois mal comment une position extrémiste telle que « je suis guérie » ou « je vais mourir », soit ressource créative. Si j’imagine la première, je risque de m’endormir sur mes lauriers (le cancer adore arriver sans faire de bruit) et si c’est la seconde hypothèse qui sort, je risque d’abandonner la partie plus vite que nécessaire.

Ceci posé, chacun fait « comme il peut » car quand l’angoisse nous tenaille, nos ressources s’amenuisent.

Alors mes maîtres mot furent : souplesse, souplesse et encore souplesse !

A vous tous qui passez régulièrement des bilans, des examens, j’ai envie de crier : Respirez, respirez large !

Sentez la nature entrer à pleins poumons dans votre corps, entendez le bruit des animaux, imaginez celui de la montagne, de la mer, de la vie qui circule en vous.

Peut-être qu’à certains endroits votre corps meurt plus tôt que prévu mais puisque nous sommes encore ici, n’oublions pas nos bonnes cellules qui se battent pour nous.

Gratitude !


J’ai eu peur avant puis après le premier scanner, un nodule du foie ayant gagné un cm. J’ai eu peur au résultat de la prise de sang : le marqueur du cancer a augmenté.

La semaine suivante j’ai mieux respiré au résultat de l’octréoscan en regardant le sourire du radiologue; malgré tout, l’activité cancéreuse dans les nodules du foie semble stable, celle sur le pancréas légèrement plus vive (donc en contradiction avec le scanner).

J’ai eu peur, j’ai pleuré, je me suis mise en boulle, j’ai passé plus de temps dans mon lit, mais j’ai aussi souri à toute la chaîne d’amitié autour de moi, à mon énergie vivante, au printemps dans mes fleurs, à mes enfants qui ont eu un mois de juin chargé d’examens, à la Vie Divine qui me porte. J’ai pris des pinceaux et j’ai dessiné la vie, ombre et lumière.


Ayant fait la synthèse du bilan, mon oncologue m’a dit :« Madame Hyvert, pour vous probablement pas encore de reprise de chimio car la progression du cancer est très légère. Prenez tout l’été pour permettre à votre corps de récupérer. On verra après le bilan de septembre. » Ceci posé, elle va quand même consulter, pas uniquement parce que c’est la loi mais parce qu’elle est une professionnelle, un comité spécialisé dans les cancers neuroendocriniensafin de valider sa conclusion.

Heureusement que j’apprends à être souple, sinon mes tensions intérieures me rongeraient plus vite que le cancer.


Maintenant j’ai le choix entre continuer à avoir peur : pas de chimio = reprise du cancer et : douceur + toutes les autres médecines holistiques = ralentissement du dit cancer.


Ce mois a aussi été marqué par le passage obligé pour la seconde, mais pas dernière, ligature des varices œsophagiennes. Intervention faite sous petite anesthésie générale. Je vous l’avoue, ce n’est pas une partie de plaisir mais, merci Elise, Bénédicte et d’autres d’entre vous qui m’aviez stimulée par mail à venir retrouver la salle d’op avec des feutres de toutes les couleurs (cf. la news de mai). Grâce à vous, je l’ai fait !

Imaginez : allongée sur le brancard, frigorifiée sous ma tenue bleue, un drap cachant pudiquement mon corps… nous filons, le brancardier et moi-même, vers le « petit bloc ». Toute fragilisée, je tenais ma pochette de feutres me disant « t’es folle ma fille, un tel cadeau aux infirmières anesthésistes… on va se moquer de toi ! »

Il n’en fut rien, l’infirmière a eu un grand sourire, elle a entendu mes excuses pour mon agressivité du mois précédent : « je regrette de vous avoir dit avec colère : vous pourriez dessiner un soleil sur le tableau de votre salle de réveil !... ce serait plus facile pour nous »… elle a pris les feutres et elle s’en est allée en me disant « je comprends ».


Quelle Joie ai-je eu à mon réveil de voir un beau dessin sur le panneau de salle de réveil. J’ai souri à tous ceux qui sont venus regarder l’œuvre (en début de cette news) de leurs collègues (ils s’y étaient mis à plusieurs pour dessiner), et nous avons devisé dans beaucoup d’humanité.

Gratitude !


Gratitude aussi pour ma doc qui, une semaine plus tard lors du rendez-vous post bilan, a eu la simplicité de répondre à ma question, certainement inhabituelle de la part d’un patient : « Docteur, pouvez-vous me faire « un compliment ? Nos rencontres, c’est du sérieux, on y parle examens, tuyauterie, analyses, ordonnances mais je suis aussi une « petite fille » qui a besoin d’encouragements, de félicitations…» elle m’a regardée droit dans les yeux, surprise, puis m’a spontanément lancé :

« J’admire votre force, je vous remercie d’être autant acteur de votre parcours car c’est plus facile pour moi, je vois votre force et vous avez aussi le droit de craquer car ce chemin est difficile. »

Merci docteur, vous m’avez fait grand bien. Il m’a fallu beaucoup d’humilité pour vous exprimer une telle demande. Si vous me félicitez uniquement en début d’entretien, je suis trop stressée pour l’entendre vraiment.


Puissent tous les médecins oser prendre quelques minutes pour encourager tous leurs patients, ceux qui sont faibles comme ceux qui ont l’air forts et bien entourés. Tous, nous en avons besoin. Nous ne sommes pas qu’une tuyauterie. Notre confiance en nous est aussi très malmenée.


En toute simplicité, je t’embrasse cher lecteur, en te souhaitant un bel été.

Puissions nous tous, oser nous congratuler les uns les autres, le monde deviendrait plus beau.

Cécile

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