Hier j'ai appris que prier ne diminue pas la souffrance... je le croyais et voilà pourquoi j'ai souvent été fâchée, « parfois je rageais, ma prière n’a aucun effet ! Comment arriver à me sentir mieux ? A guérir plus vite ? Dois-je négocier plus avec le Divin ?
Dieu... t'es où ???"
En ce mois de mai, j'ai souffert physiquement mais aussi psychologiquement... une perte brutale de sang m'a conduite en urgence, à la clinique, pour investigation... après une fibroscopie, le diagnostic rassure tout le monde. Ouf, ce ne serait "que" des varices œsophagiennes... que les médecins ont traitées le lendemain, sous anesthésie générale, après m'avoir injecté 3 poches de sang.
Quand l’hémoglobine est au plancher... c'est le moral qui tombe à la cave emportant avec lui toutes nos forces. J'ai tenu en m'appuyant "psychiquement" sur l'amour de mon homme et l'immense gentillesse des gens qui m'entourent.
Mais j'avais mal partout, à mon "petit cœur de malade qui en a ras-le-bol des cycles bas", au corps physique car, et il faut le savoir, celui-ci réagit à l'arrivée d'un sang qui n'est pas le sien. Le cadeau est immense mais nos petites cellules commencent par l'observer de près avant de l'intégrer... donc immense fatigue, nausées, tremblements possibles.... leçon d'Alliance !
Alliance aussi avec la microscopique caméra (fibroscope) qu'on avale pour, magie de la science, regarder où ça saigne... puis le lendemain, sous AG cette fois, ligatures de varices œsophagiennes... je vous fais grâce des détails mais ce n'est pas une « gentille promenade en forêt » !
J'ai perdu encore une sorte d'insouciance... je sais maintenant que mon corps peut saigner sans crier gare. Cette fois, ce fut tranquillement et à bas bruit... quid de la prochaine fois ?
A moins que, avec ce cancer qui a tant diminué, tout mon corps soit seulement en train de retrouver de nouvelles marques... et qu'ensuite j'avancerai tranquille...
Alors et Dieu dans tout cela ?
Sur mon lit de réveil post opératoire... j'ai pensé à Lui... et j'ai crié : " enlève ma souffrance ! Zut alors... j'ai rien fait de mal... T'es où ?"
Et il m’est venu « en flash » l'image d'une Africaine toute maigre, portant dans les bras un enfant décharné. J’ai commencé par penser : « qu’est qu’elle fait là ? Je sais qu’elle souffre plus que moi et alors !!!... Dois je arrêter de me plaindre ? Dieu… est-ce cela ta réponse !? Je n’en veux pas ! » Et j’ai reçu à ce moment là un message qui me disait « non, vous souffrez toutes les 2 alors souffrez ensemble, offre lui d'être en relation avec elle et vos souffrances… » Et, miracle, d’un coup mon corps a « lâché », il s’est détendu et je me suis calmée.
Tout mon corps s’est dilaté dans une belle humanité d’amour.
ET incroyable, j'ai d'un coup eu moins mal... et j'ai compris.
L'Energie de Vie, le Souffle de vie, le Divin n'enlève pas forcément la souffrance, il offre un bain de miséricorde, un liant entre les humains afin que nos cellules humaines traversent leur chemin le mieux possible même si parfois la douleur en est inévitable voire insupportable.
J'avoue, c'est plus facile de l'écrire maintenant que je n’ai presque plus mal... je tenterai à nouveau l'expérience dans un mois quand j’aurai à revenir traiter ces varices.
On envoie bien de jolies pensées toutes pleines d'amour aux autres... pourquoi ne pas leur offrir aussi nos souffrances en leur disant : allez je souffre avec toi, à 2 on aura (peut être) moins mal.
C’est moins lourd de porter une valise à 2.
Je ne sais pas pourquoi mon parcours de vie, celui de ma famille et peut être même celui de vous tous qui me lisez, passe par cette maladie, mais je sais qu'il est impossible de revenir en arrière et de réécrire ma vie.
Ce parcours est une opportunité d’ouverture du cœur, de mon cœur.