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Cécile en Février 2012 #4


En ce jour où la lumière éclaire mon jardin, après la pétition -sous forme de news letter- de novembre, décembre, janvier, voici "Cécile en février".


A consommer quand vous en avez envie...



Chers tous,



M’installer confortablement, allumer une petite bougie signe de tous ceux qui pensent à moi et m’accompagnent sur mon chemin, écouter une musique qui m’apaise, vous rejoindre.



Je tourne cette lettre dans ma petite tête depuis un moment sans savoir vraiment comment vous traduire tout ce qui vit en moi depuis un mois et qui se résume à deux questions :


Guérir… que veut dire ce mot ?


Guérir… En ai-je envie et suis je prête à en assumer le parcours, les conséquences ?...


Je vois d’ici vos mines ébahies… mais qu’est-ce qu’elle nous fait Cécile ? bien-sûr qu’elle doit avoir envie de guérir…


Effectivement je le pourrais, mais ce serait faire fi de ma personnalité qui, sensible et curieuse, tente de comprendre comment ce parcours santé vit en moi.


Nous le savons, si le cancer a avant tout un impact physique, il bouscule, pour ne pas dire bouleverse bien d’autres plans dans nos vies, dans ma vie et celle de mes proches. D’où la question logique qui se promène en moi : quel va-t-être la récolte de ce choc de vie pour nous tous. Sera-t-il positif ? Cette question peut vous choquer, j’en prends le risque car elle me paraît fondamentale.


Suis je prête à vivre aujourd’hui tous ces soins ? Suis-je prête à devenir celle que demain la maladie m’invite à rencontrer ? Comment mon environnement aura-t-il évolué, au fil des jours, des mois, malaxé par ma maladie ?


Ou, déposant les armes, je n’aurai pas le courage de bousculer mes habitudes et advienne que pourra !


Nous évoluons grâce à notre véhicule physique mais pas seulement. Alors est ce suffisant si je soigne uniquement mes cellules qui sont parties en désordre ? Mes autres « espaces de vie » n’ont ils pas aussi besoin d’un bon nettoyage ? D’une remise en cause ?


Voici, en toute simplicité, ce que je peux témoigner aujourd’hui :


« Guérir le corps physique »… oui, cependant je vous confie que les effets secondaires des chimio… nausées, acouphènes, perte des cheveux (il paraît que j’ai un joli crâne de none bouddhiste… dixit mes enfants) et surtout l’extrême lassitude, ont de quoi me démotiver. De plus, pendant un temps, même le moral est détruit et cela sans avoir la certitude que la guérison est au bout.


Ensuite, l’idée de reprendre du « poil de la bête » afin de retourner gentiment voir les charmantes infirmières qui vont me remettre dans mon « boitier » un produit qui me donnera l’impression de retourner à la case départ… nausées, fatigue, déprime, solitude dans mes peurs, j’avoue, c’est difficile. Je ne suis pas une super woman. Alors pour savoir redire à chaque cure : ok pour les effets secondaires… il faut vraiment que vous soyez tous là pour soutenir mon moral défaillant !


Et ensuite, soigner mon véhicule terrestre, ce sera aussi dire : je suis d’accord pour aller vers une vie plus calme, plus « bio », plus attentive encore à ma bonne santé… j’avais déjà l’impression de faire pas si mal et je vais devoir faire encore mieux... cela pourrait me fatiguer à l’avance.



« Guérir l’espace affectif »… mon petit cœur est il d’accord d’acquérir une sensibilité plus réactive qu’avant ? Mes cellules, mon être, ont appris une nouvelle peur : l’avenir est plus qu’incertain, aurais je la force de vivre avec cette conscience ?



« Guérir l’espace relationnel »… vais-je avoir la force de choisir ce qui est bon pour moi, suis-je prête à me rejoindre mieux, plus, et de ce fait surprendre, voir éloigner certains…? Réadapter la vie de couple, la vie de famille, la vie professionnelle et peut être même amicale, qui sait ?



« Guérir l’espace spirituel »… revisiter le sens de ma vie sur terre. Dans ce parcours, je constate que nous sommes tous en inter relations, le monde n’est ni vertical, ni horizontal, Il est. Je contacte l’Amour de Lumière qui soigne… que vais je faire de ma foi qui évolue ?



En fait, choisir la vie, c’est comme pour n’importe quel projet, nouveau job, création d’entreprise, se marier, avoir un enfant… c’est aussi se poser la question : suis-je d’accord pour évoluer avec ce virage que je prends ? La différence, dans ce virage provoqué par la maladie, vient d’une conscience plus grande de notre finitude, alors l’urgence prend poids.


Bien sûr je ne sortirai pas de ce parcours si différente, toute verte avec un nez rouge par exemple ! Je serai toujours la même avec probablement seulement un petit quelque chose de moins, de plus. Mais aussi bizarre que cela puisse vous paraître, ce petit quelque chose me fait peur. Ne vous arrive-t-il pas, à vous aussi, de pousser un peu vos limites de vie et de vous faire peur ?



Je fais un rêve. Libre, légère je vis et chaque jour je suis capable de dire : j’aime ma vie, j’aime la vie… je suis là où j’ai à être, pour La Joie.


Alors je dis un grand oui à la vie. Sachez que votre bienveillance m’aide à me bousculer, à faire évoluer tous les espaces de mon être. Merci.


Je m’en remets aussi à l’Espoir, à la mère Nature, au Souffle Divin.


Chacun de nous porte son propre mystère, nous le savons, nous ne décidons pas tout.


Si cette période a été centrée sur la question : qu’ai-je à accompagner en moi vers la guérison, elle a aussi été propulsée dans une infinie tristesse. La vie du jeune Gaspard a basculé.


Parfois notre propre souffrance peut nous paraître indécente au regard de celle de l’autre. C’est ce que je vis depuis 3 semaines, depuis la mort brutale, par accident, de cet ami très intime de notre fille. Je n’ose imaginer la souffrance des parents, je vois celle de ma fille. Que faire quand un choc de vie vient s’ajouter à un autre choc de vie? Comment tenir la tête hors de l’eau quand la mort vient bousculer la maladie, quand l’essence même de ma vie, mes enfants, l’aide à autrui, vient ainsi à être balayée car trop choquée, je suis devenue une brindille, perdue dans le vent.



J’ai bu à votre présence, à votre amitié, à votre soutien, vos sourires, vos petits plats, votre espoir, votre regard puissant : Cécile on t’aime !


J’ai aussi admiré notre Capucine, mon mari, mes enfants et laissé mon instinct vital faire le reste…


Et j’ai constaté que « amour + instinct vital = la vie qui circule ». Contre toute attente de ma part, mes résultats sanguins du mois furent bon, vive vos prières !



Quittons nous sur une douce folie, je l’oublie un peu trop dans ma lassitude. Heureusement mes sœurs veillent. Imaginez seulement : 3 « dames » allongées dans le même petit lit d’une chambre de clinique un jour de chimio, drap remonté jusqu’au menton, chacune portant un petit bonnet de couleur différente sur la tête afin de ne pas laisser deviner celle qui est en tenue de « combat ». Elles se racontent des bêtises, des histoires drôles comme après une longue et belle journée aux sports d’hiver… nous avons bien ri, dommage que l’infirmière ne soit pas arrivée pendant ce temps là !



Je vous embrasse et vous souhaite en pleine santé, sur tous vos espaces de vie.


Rendez vous fin mars, j’aurai eu un premier bilan post chimio…



Cécile


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(Pour les commentaires écrits avant décembre 2015: les dates d'origine n'ont pas pu être reportées)

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